Un outil sur Hong-Kong, la langue de Canton et les textes occidentaux de la fin du XIXème siècle

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Avant-propos

Voici un livre de 1874 qui pourra être utile aux étudiants qui travaillent sur des documents en langue anglaise du XIXème siècle et plus particulièrement sur l’Histoire de Canton, de Hong-Kong et de la Chine en général.

Présentation rapide de l’ouvrage de DENNYS


La référence bibliographique du livre de DENNYS

DENNYS Nicholas Belfield, 1874, 初學階 (chūxué jiē – niveau débutant). Ch‘o hok kai. A handbook of the Canton vernacular of the Chinese language – Being a series of introductory lessons, for domestic and business purposes, London Trübner & Co., « China Mail » office, imprimé à Hongkong, II, 4, 195 et (31) pages – (Attention : erreur de numérotation à la page 181 remplacée par la page 781)


Un livre pour l’apprentissage du Cantonais

Si vous avez lu l’article de NACKEN « Les cris des marchands ambulants dans les rues de Hong-Kong », peut-être aurez vous remarqué dans les notes de bas de page que je parle à plusieurs reprises d’un ouvrage de DENNYS Nicholas Belfield.

Le but premier de ce livre était l’apprentissage du Cantonais pour un public occidental. Les pages sont composées de plusieurs colonnes, regroupées majoritairement par trois. Nous y trouvons une phrase ou un mot en anglais suivi de sa traduction en caractères chinois puis d’une transcription phonétique et tonale du Guǎngzhōu huà (廣州話), c’est-à-dire la langue de Canton. Selon l’auteur, le Cantonais comporte 8 tons [ DENNYS 1874 : 4] ce qui le différencie du Mandarin (la langue de Pékin) qui n’en comporte que 4.

Mais la différence entre le Běijīng huà (北京話) et sa cousine du Sud ne repose pas que sur la tonalité. En effet, nous sommes face à deux langues parlées distinctes. Lorsque le Nord rencontre le Sud, leur terrain d’entente reste l’écrit et non la parole. Nous avions déjà évoqué cette différence entre les langues chinoises dans un article sur Taïwan.

Laissons cela de côté car là n’est pas l’objet de ce papier. Ici, l’intérêt pour l’étudiant ou le chercheur sera autre que la finalité première de l’ouvrage de DENNYS.

Cathédrale de Canton - 1991 - Photo de Patrick Le Chevoir - Le Cantonais est parlé aux dépens du Mandarin.
Cathédrale de Canton – 1991 – Photo de Patrick Le Chevoir

L’outil pour les étudiants-chercheurs

Un outil pour les textes anglophones des années 1870

Il n’existe pas de mauvais outils, mais des mauvais bricoleurs ! Je viens de paraphraser une expression de François SIGAUT qui nous affirmait pendant ses séminaires à l’E.H.E.S.S. : « il n’existe pas de mauvais livres, mais des mauvais lecteurs« . En d’autres termes, pour la recherche, le moindre indice est exploitable.

Le livre de DENNYS peut nous être utile car il s’agit d’une photographie d’une période donnée : la période charnière entre le troisième et le quatrième quart du XIXème siècle. Le vocabulaire anglais utilisé dans cette méthode d’apprentissage du Cantonais est donc daté et peut faire écho à l’ensemble de la littérature anglaise de cette époque. Plus de 150 années nous séparent de ce livre et la sémantique évolue avec le temps.

C’est grâce à l’ouvrage dont nous parlons que j’ai pu traduire, par exemple, l’expression « they sell it by the catty » rencontrée dans l’article des marchands ambulants chinois de NACKEN publié en 1873. Dans ce cas précis, il peut servir à tout étudiant manipulant des documents en langue anglaise aux alentours des années 1875. Il suffit par la suite de passer par la langue chinoise pour trouver enfin la traduction en Français. Même si vous n’êtes pas familiarisé avec le Chinois, cela reste dans le domaine du possible. Je reviendrai dans un autre article sur la manière de manipuler les dictionnaires chinois.

Notez au passage que j’ai travaillé sur la version numérisée du livre qui se trouve dans les rayons de la Cornell University Library.

Les limites de la recherche OCR

J’attire votre attention sur le fait que la recherche OCR (Optical Character Recognition), la ROC devrions-nous dire en Français, Reconnaissance Optique de Caractères, se limite pour cet ouvrage au texte en Anglais ainsi qu’à la transcription phonétique du Cantonais qui utilise notre alphabet.

Vous l’aurez compris, la ROC ne s’applique pas aux caractères chinois pour le livre de DENNYS.

D’une manière général, la ROC a ses limites en fonction de plusieurs facteurs :

  • la qualité de la numérisation
  • l’état du document ou du livre
  • le logiciel utilisé pour la ROC
  • la graphie du livre en fonction des siècles

Faites l’expérience par vous-mêmes. Il existe plusieurs versions numérisées de cet ouvrage et comparez par la suite les résultats d’une même ROC d’un site à l’autre. Vous serez surpris ! La ROC ne remplace à aucun moment les yeux, il ne s’agit que d’un outil très pratique dont il faut reconnaître les limites.

Un outil pour les étudiants-chercheurs en Histoire de la Chine

Comme nous venons de le voir, nous ne pouvons pas faire appel à la ROC pour la recherche concernant les caractères traditionnels chinois qui se trouvent dans le livre dans la version numérisée de « A handbook of the Canton vernacular of the Chinese language » .

Là, j’insiste sur le fait qu’il s’agit de caractères traditionnels ! Effectivement, n’apprendre que les caractères simplifiés ne vous sera pas d’une très grande utilité dès que l’intérêt sera porté sur la vaste période anté-communiste de la Chine.

Sans la Reconnaissance Optique de Caractères, il nous reste donc la bonne vieille méthode qui peut se traduire par le page à page si aucun outil contenu dans l’ouvrage ne nous aide (titre de chapitre, annexes, sommaire, etc.)

Le livre de DENNYS sur la langue de Canton (le Cantonais) contient une annexe de la page (1) à la page (31). Notez que les parenthèses ne sont pas une erreur de ma part, je me réfère simplement à la pagination de l’ouvrage qui en comporte plusieurs. Peut-être l’auriez-vous remarqué en début d’article présentant la référence bibliographique ? Non ? Cette annexe est la liste des termes utilisés dans les 60 leçons classés par ordre alphabétique des mots anglais et donnant leur correspondance en Chinois Traditionnel suivi de leur transcription phonétique cantonaise. Dans ce cas précis, l’aide ne s’applique qu’en passant par l’Anglais au détriment du Chinois.

Recherche d’un terme écrit phonétiquement sans les caractères chinois

Par contre, comme précisé plus haut, la ROC s’applique à la transcription phonétique du Cantonais. Cet outil peut donc être utile pour repérer des termes chinois transcrits dans les textes occidentaux qui se caractérisent par l’absence des Caractères Traditionnels correspondants.

Encore une fois, dans l’article sur les marchands ambulants de Hong-Kong, j’ai pu déterminer les caractères chinois seulement retranscrits phonétiquement grâce à l’ouvrage de DENNYS : pour trouver 鹹魚 qui se prononce xián yú en Mandarin (dialecte de Pékin), nous sommes partis de « Hám’ yü » , l’expression trouvée dans le texte de NACKEN. Par la suite, le rapprochement entre le terme « Hám’ yü » de NACKEN et celui de « ham ü » de DENNYS nous permit de trouver les bons caractères chinois : 鹹魚, c’est-à-dire le poisson salé.

Naturellement, si le lecteur parle le Cantonais, l’exercice sera plus facile. Or, l’apprentissage de la langue chinoise en France ne passe que par le Mandarin (Běijīng huà – 北京話) et les textes occidentaux aux innombrables transcriptions des multiples langues chinoises sont légions !

Malheureusement, le livre de DENNYS Nicholas Belfield ne comporte pas de sommaire qui aurait pu faciliter la recherche des caractères chinois. Mais en feuilletant rapidement les 60 leçons, des thèmes s’en dégagent facilement.

Vous l’aurez compris, l’outil présenté est un petit outil qui peut rendre service dans des cas bien précis. Mais souvenez-vous d’une chose essentielle : « Il n’existe pas de mauvais livre… »

Patrick LE CHEVOIR

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Publié par LE Xiao Long - Patrick Le Chevoir - 樂小龍

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